Je me frayais un chemin entre les tulipes jusqu’à la portière du jardin qui entourait la sympathique maisonnette, l’ouvrit et continuait vers la porte d’entrée, qui était close. J’appuyai sur la sonnette, et attendit un instant. La porte s’ouvrit et une jeune dame d’une trentaine d’années m’accueilli, le sourire aux lèvres.

-          Camille ! Ton papa et moi t’avons bien interdit de sortir ! ça va ? tu n’as pas mal ?? Non ? Alors suis moi …  Pierre t’attend depuis voilà une demi-heure.

D’accord. Deux indices qui éclaircirent un peu la situation à mes yeux. Ainsi cette bonne dame venait de m’apprendre que je m’appelle Camille, qu’elle est probablement ma mère … mais Pierre ? Je devais en savoir plus.

-          Pierre? Que vient-il faire ici ?  Demandai-je sur mes gardes.

La dame me répondit en me trainant derrière elle tout au long du long escalier :

-          Pour t’aider avec tes leçons voyons, puisque tu es en retard à présent ! Ses parents viennent de le déposer chez nous et sont partis voir un de leurs proches qui est malade. Ils seront de retours dans quelques heures, donc profitez-en pour bien préparer, compris ?

Nous nous arrêtâmes  devant une porte qui fût ouverte aussitôt.

« Je parcourus la chambre du regard. Un cadre le moins que l’on puisse en dire est qu’il est ‘ très agréable’ »

-          Voilà ! Mes enfants, travaillez bien ! dit la dame avant de disparaitre derrière la porte fermée.

Je restai plantée là où elle me laissa. Je parcourus la chambre du regard. Un cadre le moins que l’on puisse en dire est qu’il est  « très agréable ». Je me sentais déjà maitresse des lieux, et me félicitai en silence d’avoir vite retrouvé mon chez-moi.  A ma droite, accoudé au dossier d’une chaise sympathique, un garçon d’environ une dizaine d’année me fixait, le sourire aux lèvres. Il avait les cheveux blonds, portait des lunettes rondes, et balançait les pieds du haut de cette chaise enveloppée en tissu bleu-ciel, et décorée par un tour de bretelle fine et un long ruban Rose. En face de la chaise, contre le mur, se trouvait un bureau en bois sur le quel Pierre avait éparpillé ses livres et ses stylos, prêt pour la révision. Ce bureau attribuait à la pièce une note d’élégance, avec son design simple couronné d’une touche dorée en forme de fraise au beau milieu du grand tiroir. A droite, j’ai noté un espace de stockage caché derrière une petite porte verticale dotée d’une petite poignée en céramique fleurie.

Tu dois donc être mon ami d’école ? pensai-je. Puis à haute voix : Salut euh … Pierre !

-          Où étais-tu pendant tout ce temps ? Je croyais que j’allais mourir d’ennui !

-          Désolée… Je faisais un tour dans le jardin.

-          Je suis content que tu sois en forme.

-          Euh… Merci.

-          Tout le monde s’inquiète pour toi à l’école… On ne parle presque que de toi, ces trois derniers jours… la maitresse nous a expliqué combien la Typhoïde peut s’avérer dangereuse.  

-          J’ai la Typhoïde ? Balbutiai-je d’un ton incrédule.

-          Je suis au courant, voyons … La maitresse nous l’a dit.  

Comme par enchantement, mon corps semblait faiblir à mesure de ses propos. Très vite, mon pouls s’accéléra, ma tête devint chaude et je me sentis exténuée.

-          Apparemment, tu es encore très malade.  Peut-être serait-il mieux que tu te reposes… Les leçons attendront pour un autre jour.

Je me sentais terriblement malade en effet. La fièvre brulait mon crâne, et un froid glacial s’infiltra en moi jusqu’aux os… Malgré mon état affreux, le bon gout et le savoir-faire avec lesquels le mobilier de la chambre était fait ne m’échappèrent point. Un lit large fait du même bois que le bureau trônait majestueusement sous la fenêtre. Sur les parties supérieures de la tête et du pied du lit, de jolis motifs floraux ont été dessinés avec soin, ainsi que la petite fraise dorée, signature désormais rapidement détectable par mes yeux.  Je m’y affaissai et me laissa aller contre son matelas. Ma première impression concernait la robustesse de ce lit. Il me sembla que ce lit ne serait jamais intimidé quel que soit le poids qu’il devrait supporter. 

Ensuite, la douceur du drap et le confort que j’ai éprouvé en cet instant reste un souvenir inoubliable. Volontiers serais-je restée dans cette position toute la soirée si le froid ne m’était aussi insupportable. Pierre m’aida à m’y installer confortablement et me remonta le drap jusqu’au nez.  Les oreillers et les draps étaient en doux tissu « polka dot » vert d’eau assaisonné de quelques touches en couleur abricot. Sur l’un de ces oreillers, j’ai pu déchiffrer le nom « Flora » brodé avec du fil doré.

Les oreillers et les draps étaient en doux tissu « polka dot » vert d’eau assaisonné de quelques touches en couleur abricot

Je me laissai emporter un instant par le confort du moment en fixant le plafond. Au beau milieu de ce dernier, pendait une jolie petite merveille ! une suspension de trois lampes de la même couleur Vert d’eau, paisible et rafraichissant, comme un petit morceau d’un ciel d’été sans nuage.

Une suspension de trois lampes de la même couleur Vert d’eau, paisible et rafraichissant, comme un petit morceau d’un ciel d’été sans nuage.

-          Pauvre Camille ! Comment diable t’est-il arrivé d’attraper une Typhoïde au beau milieu de la France ?

-          Je me le demande aussi… grinçai-je.

 Mon Dieu, ce que j’avais froid, ce soir-là ! J’avais comme un bloc de glace à la place de ma poitrine.

-          Pierre… J’ai trop froid… Fais quelques choses…
-          Il te faudra plus de couverture. Attends-moi, je vais aller en demander à ta maman.
 Il sorti. Mais revint un instant après, les mains vides, et sans maman.
-          Ta maman n’est nulle part. J’ai cherché toute la maison, elle ne répond pas.
-          Bon, elle est peut-être sortie faire des courses ou je ne sais quoi…. Grr… Froid ! Si seulement on pouvait… lui téléphoner.

-          Excellente idée… Passe-moi ton portable que je lui passe un coup de fil.
-          Mon portable ? Ah… Je ne sais pas où il est…
-          Il doit être dans la table de chevet à ta droite.
Je tournai la tête péniblement et tendit la main vers la table en bois à deux tiroirs sur laquelle reposait une jolie lampe de chevet au couvercle bleu ciel décoré de bandes en bretelle fine.

Ah, je ne pouvais même pas admirer à mon aise toutes les belles choses qui m’entouraient ! Outre le fait d’être fatiguée et très malade, j’étais frustrée jusqu’au sang !
La table restait infranchissable. Pierre ne se fit pas prier et ouvrit le tiroir supérieur. Des bonbons, un cahier journal, une paire de lunettes… Pas de téléphone portable.
-          Cherche dans le deuxième tiroir... soupirai-je
Pierre sorti le téléphone du tiroir, un sourire triomphant aux lèvres. Il chercha le numéro de maman et l’appela… Son appel resta sans réponse.
-          Oh mince ! Je crois que je vais mourir…
-          Non attend… Il doit bien y avoir une couverture de plus quelque part, s’impatienta-t-il en arpentant la pièce du regard, avant de se diriger vers la grande armoire.
-          Oui, ça doit être ici. Ce placard spacieux doit être ici pour une raison, non ! Si je n’y trouve pas de couverture, je n’imagine pas où en trouver ailleurs !

This is the heading

En effet, le placard était grand, majestueux, du même bois que le reste du mobilier. A l’instar du lit, une branche de fleur en nuances de bleu trônait en haut. La petite fraise, aussi, était présente. Cette chambre m’intriguait de plus en plus par ses détails impressionnants. Pierre empoigna les deux petites mains et les deux portes s’ouvrèrent. Dedans, dans un coin s’empilaient deux oreillers et deux draps. Sauvée ! s’exclama-t-il.

Enveloppée que j’étais comme un cocon, je me sentais mieux. Ma tête me faisait toujours mal, mais le froid s’est dissipé relativement. Et alors que je reposais tranquillement sur mon doux oreiller, écoutant Pierre en train de me lire un conte, le téléphone sonna.
-          Allo ? Oui maman…
-          Camille, qui y as -t-il ma chérie ? j’ai trouvé ton appel…
-          Tout va bien … où es-tu maintenant ?
-          Ah… Je suis sortie faire quelques courses, j’en ai encore pour dix minutes. Mais… tu es sûre que tout va bien ?
-          Ne t’inquiète pas.
-          D’accord, je ne vais pas tarder.
Un quart d’heure plus tard, une main se posa sur mon front fiévreux.
-          Ma pauvre Camille ! Tiens ! prends ce médicament et rendors-toi. Demain matin, tu seras sur tes pieds.
Elle me passa le médicament que j’avalai avec un verre d’eau. Ensuite, elle me coucha.
Plus tard dans la nuit, je me senti légère comme une plume. Plus de fièvre, ni de froid. Je repense aux événements de la soirée et ne pus me retenir de sourire. Mes ennuis sont arrivés à terme, à présent. Je m’appelle Camille et j’ai une famille et des amis qui m’aiment. En plus, j’ai une chambre magnifique ! Bien que je ne me rappelle pas encore du détail, avec le temps j’y arriverai surement.
Ah ! Le cahier Journal ! J’y trouverai certainement de quoi revivre mes souvenirs ensevelis !

Je tendis la main vers la table de chevet pour ouvrir le tiroir mais elle était très loin … Je ne pouvais l’atteindre. « Ce lit est vraiment large » gloussai-je avec joie. J’ouvris les yeux pour allumer ma lampe de chevet.
Quand j’ouvrit les yeux, ce fut à nouveau….

Le vide infini.

Commentaires (0)

Product added to compare.